Kritische Blicke auf die Coronakrise und ihre Folgen
Kritische Blicke auf die Coronakrise und ihre Folgen

Ce que nous voulons

par Karl Heinz Roth (11 novembre 2021)

La pandémie de coronavirus entre dans son troisième hiver dans l’hémisphère nord. Au 21 novembre 2021, 256 millions d’infectés avaient été recensés dans le monde et plus de 5,1 millions de personnes avaient été victimes du virus SARS-CoV-2. Les épidémiologistes s’accordent à dire que les chiffres sont bien plus élevés. Ils multiplient les données officielles par des chiffres non connus d’au moins 5 pour les personnes infectées ou de 2 pour les victimes. De plus, l’Europe est désormais particulièrement touchée. Au cours de la 46e semaine calendaire de 2021 (du 15 au 21 novembre), 67 et 57 % de toutes les personnes infectées et décédées enregistrées provenaient d’Europe, selon les données de l’OMS. Covid-19 est la pandémie la plus grave depuis la ‘grippe espagnole’ mondiale de 1918-1920.

La lutte contre la pandémie est difficile. Sa dynamique est incalculable et de nouvelles variantes de l’agent pathogène apparaissent sans cesse. L’efficacité des vaccins récemment développés est limitée et les médicaments prometteurs n’en sont qu’aux premiers stades des essais cliniques. Il s’agit donc d’un phénomène extrêmement complexe qui ne peut être maîtrisé que par l’interaction d’études et de mesures scientifiques, médicales et de santé publique.

La situation est aggravée par le fait que la pierre angulaire de toute lutte contre les pandémies, le système de santé publique, a été largement démantelée au cours des dernières décennies dans le sillage de la dérégulation néolibérale. L’économisation et la privatisation des soins médico-hospitaliers et du secteur des soins ont encore aggravé la situation. Les réserves de capacité nécessaires ont été sacrifiées sur l’autel de la rentabilité, et les employés du secteur de la santé et des soins travaillaient déjà à la limite de leurs capacités dans des conditions normales.

Face à cette évolution critique, les cellules de crise des experts et les centres de décision politiques ont échoué sur toute la ligne. Ils n’ont pas voulu ni pu associer les mesures d’urgence, structurellement insuffisantes, à un changement de cap radical pour réorganiser le système de santé en tant que bien commun d’entraide, remédier aux lacunes et aux dysfonctionnements mis en évidence et mettre en place une stratégie de lutte contre la pandémie systématiquement réfléchie. Au lieu de cela, ils se sont réfugiés dans un activisme impuissant pour faire croire à une capacité d’action et éviter une perte de légitimité. Pour sauver leurs principes néolibéraux, ils les ont combinés avec une succession inextricable de restrictions de contact et de mobilité (‘shutdowns’, ‘lockdowns’ et ‘assouplissements’), qui ont suivi la dynamique de la pandémie, affecté les soins de santé généraux et entraîné de graves conséquences sociales, politiques et économiques.

Dans cette situation critique, la gauche, active à l’intérieur comme à l’extérieur du secteur de la santé, était et reste particulièrement sollicitée. Elle n’a cependant pas été à la hauteur du défi. Au lieu de recourir aux approches développées dans les années 1970 et 1980 pour démocratiser et municipaliser le système de santé, de les actualiser dans la confrontation avec la pandémie et de s’opposer aux centres de décision néolibéraux avec un programme d’action avéré, la gauche, dans sa grande majorité, s’est engagée dans des voies erronées et fatales. Deux tendances opposées ont pris le dessus. Un courant a propagé le cours d’un ‘lockdown dur’ pratiqué jusqu’à aujourd’hui en République populaire de Chine, qui foule aux pieds les droits fondamentaux individuels, sociaux et politiques : avec son slogan ‘Zero Covid’, ce courant a finalement légitimé l’échec des cellules de crise néolibérales et a pris congé dans sa propre incapacité d’action numérique. Parallèlement – mais aussi en partie en réaction -, des représentants des milieux alternatifs de gauche se sont alliés à ceux qui minimisent l’importance de la pandémie et aux opposants à la vaccination. Ce nouveau mouvement de rassemblement est d’orientation extrêmement nationaliste, néolibérale et individualiste et est désormais largement ancré dans le camp de l’extrême droite et du néo-fascisme. Des manifestations de masse ont eu lieu, au cours desquelles l’éventail du mouvement ‘No Vax’ s’est de plus en plus consolidé, intégrant parfois aussi des initiatives de base des classes laborieuses, comme en Italie.

La situation est donc préoccupante : elle pourrait encore s’aggraver au cours de l’hiver 2021/22 en raison de la dynamique ininterrompue de la pandémie et de la réduction insensée des capacités de politique clinique et sanitaire. Il n’y a toutefois aucune raison de paniquer ou de se résigner. L’information critique est plus que jamais nécessaire. Le site web ‘coronakrise-europa‘ veut en tenir compte. Comme par le passé, il rassemblera tout ce qui est nécessaire à la compréhension de la dynamique complexe du Covid-19 : des articles scientifiques issus des domaines de la virologie, de l’épidémiologie, de la médecine et de la santé publique, des analyses critiques de l’évolution globale, des études sur l’histoire comparée des pandémies ainsi que des analyses sur les conséquences sociales, politiques et économiques. Mais contrairement à ce qui s’est passé jusqu’à présent, nous nous pencherons également davantage, dans la nouvelle rubrique ‘Débats et controverses’, sur l’activisme impuissant et obscurci par l’idéologie néolibérale des centres de décision politiques, auquel s’opposent les réflexes bipolaires non moins impuissants de la gauche (‘Zero Covid’ versus ‘No Vax’). A l’inverse, ce site s’engage dans une approche éclairée. La critique des errements de la gauche et de l’activisme néolibéral des couches dirigeantes doit permettre de développer des alternatives viables en association avec une analyse critique et scientifique.